Lexicon JamMan

Verdict

Qualité sonore : 71% - 1 Votes
Ergonomie : 60% - 1 Votes
Rapport Qualité / Prix : 58% - 1 Votes

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Définir le JamMan en deux mots n'a rien d'évident. Il beau reposer sur des principes aussi communs que l'écho et l'échantillonnage, la façon dont il les exploite en fait un outil extrêmement novateur, au point d'être inclassable.

Avant de découvrir dans l'ordre les trois modes du JamMan (echo, sample et loop), voyons physiquement ce dont il retourne. Côté gauche, la face avant du rack comporte trois potentiomètres, respectivement chargés du niveau d'entrée, de la balance dry/wet et du niveau de sortie. Dans le désordre, viennent ensuite deux autres potentiomètres (l'un concerne le choix du mode, l'autre est multifonctions), trois boutons, ainsi qu'un afficheur. Si les entrées/sorties, matérialisées par 2 x 2 jacks, sont stéréo (les signaux non traités ressortent chacun de leur côté), le JamMan travaille toutefois en mono, sur la somme des entrées droite et gauche. Lorsque rien n'est connecté à la sortie gauche, la sortie droite abaisse son volume, dans le but de recevoir un casque. Tout ceci est parfait, mais on ignore toujours les tenants et aboutissants du JamMan.

Echo

En mode echo, le JamMan produit... de l'écho. Trois paramètres sont programmables : la balance dry/ wet (entre le signal direct et le signal traité), le taux de réinjection, plus communément appelé feedback (d'une seule répétition à une infinité de répétitions), ainsi, vous l'auriez deviné, que la durée du retard (de 0 à 8 secondes, ou à 32 secondes avec l'adjonction d'une extension mémoire).

Pour régler cette durée, nul besoin, comme sur un processeur d'effets traditionnel, de saisir sa valeur en millisecondes. En pressant deux fois de suite sur le bouton Tap, l'intervalle séparant ces deux pressions devient le temps d'écho. Ainsi, à un tempo de 120, il suffit d'appuyer une première fois, puis une deuxième, une demi seconde plus tard, pour obtenir des répétitions à la noire. Une fonction permet de diviser ce délai par deux, trois ou quatre (ce qui, avec l'exemple précédent, équivaut à une croche, une croche « triolet » et une double croche).

Comparativement à un vulgaire écho, le JamMan présente donc l'avantage de se programmer en temps réel. Sur scène ou en répétition, c'est un véritable bonheur pour le musicien (chanteur, guitariste...), qui, plutôt que de devoir sortir son chronomètre, sa calculette scientifique et sa règle de logarithmes, n'a qu'à presser deux fois le bouton Tap, en rythme, pour régler son effet.

Sample

Le mode sample est lui aussi d'une stupéfiante simplicité. Jugez plutôt : selon que l'on sélectionne le déclenchement manuel ou automatique, le JamMan se met à échantillonner, soit lorsque l'utilisateur presse le bouton Tap, soit lorsque l'amplitude de la source audio dépasse un certain seuil, à déterminer. Si l'on veut mettre un terme à cet enregistrement avant que la mémoire ne soit pleine (elle contient 8 secondes de son, 32 avec l'extension), il convient d'appuyer sur ce même bouton Tap.

C'est encore ce bouton qu'il faut presser pour activer la lecture de l'échantillon, à moins que l'on ne préfère le « trigger » depuis une source audio externe, à dépassement d'un certain seuil (exactement comme pour l'échantillonnage). Sur un magnétophone multipiste, cette fonction s'avère fort pratique, pour substituer à de vieilles pistes de batterie des échantillons flambants neufs. Voici la marche à suivre : prendre par exemple la piste de caisse claire, s'en servir pour déclencher une autre caisse claire échantillonnée à l'avance dans le JamMan et enregistrer celle-ci sur une nouvelle piste. Avec la balance wet/dry (entre le signal déclencheur et le signal déclenché), on pourra même « coucher » sur la bande un mélange de l'ancienne et de la nouvelle caisse claire.

Sans aller jusqu'à de telles manipulations, le mode sample séduira inévitablement nos amis les disc jockeys. Que rajouter, sinon que l'on peut modifier en temps réel le « sens » de l'échantillon (avant/arrière), et que son redéclenchement lors de sa lecture provoque instantanément un retour au point de départ (dans la plus pure tradition Eurythmics : « s s s s sex cr cr cr cr crime... »).

lexicon jamman rearLoop

En mode loop, l'enregistrement d'une portion démarre dès que l'on presse le bouton Tap. Il s'arrête de la même manière, suite à quoi la portion en question est immédiatement lue en boucle. A partir de là, toujours via deux appuis successifs sur le bouton Tap, il est possible d'enregistrer par dessus cette boucle aussi longtemps qu'on le désire (à chaque « passe », le nouveau signal vient se superposer à l'ancien), de remplacer tout ou partie de la portion enregistrée, ou d'en interrompre la lecture. Ces trois fonctions, dont nous venons de décrire le comportement en mode loop version « punch-in » se nomment respectivement layer, replace et mute. Grâce à un second mode, dit loop « phrased », on pourra faire en sorte que les deux dernières, replace et mute, s'activent, non plus au moment où l'on appuie sur le bouton Tap, mais à partir du début du prochain cycle. Avec la fonction replace, l'enregistrement s'arrêtera à la fin de ce cycle.

Dans la limite de la capacité mémoire du JamMan, le mode loop autorise l'enregistrement de sept boucles « secondaires » d'une durée identique à celle de la première. Le passage de l'une à l'autre s'effectue en tournant un potentiomètre rotatif. Ainsi, en écoutant la boucle courante (par exemple la 1), le fait d'en sélectionner une autre (par exemple la 2), aura pour effet, au début du cycle suivant, soit, si cette deuxième boucle contient déjà un enregistrement, d'en activer la lecture, soit, si elle est vierge, d'en déclencher l'enregistrement, puis la lecture.

Avec un minimum d'entraînement et d'imagination, une judicieuse exploitation des boucles fera du JamMan un excellent compagnon de jeu. Un produit conçu, comme son nom l'indique, pour « jammer » ou plus exactement, pour improviser avec soi-même...

Synchronisation

Figurez-vous qu'après avoir enregistré une boucle, et préalablement renseigné JamMan sur le nombre de temps qu'elle comporte, ou plus exactement, sur le nombre de noires MIDI (3, 4, 6, 8, 12, 16 ou 24), le tempo sera déduit de ces informations, et des messages d'horloge, émis par la prise MIDI Out, pour synchroniser un séquenceur ou autre. Premier exemple d'utilisation : régler le nombre de temps sur 16, enregistrer quatre mesures à 4/4 de piano/ voix, pour qu'ensuite le tout soit automatiquement bouclé, et qu'un pattern de boîte à rythmes suive au bon tempo (120, pour une boucle de 8 secondes, 90, pour une boucle de 12 secondes, etc.). Un résultat saisissant !

Deuxième exemple : sur scène, utiliser JamMan en tant que simple convertisseur Tap/MIDI clocks, pour synchroniser des séquences à un tempo dont décidera le batteur en temps réel (plutôt que de suivre un « click »).

À l'inverse, séquenceur et boîte à rythmes sont susceptibles de transmettre leur horloge au JamMan, afin, d'après cette référence, qu'il enregistre une boucle de 3, 4, 6, 8, 12 ou 24 temps. Pour en terminer avec le MIDI, signalons que l'appareil, dans tous les modes, peut être intégralement piloté par l’intermédiaire de program changes. Ceux-ci offrent même une fonction cachée, impossible à activer autrement : trois courbes de « fade-out », pour les boucles. Une autre méthode autorise un contrôle total du JamMan : la télécommande au pied. Il est effectivement prévu de pouvoir brancher deux pédales en face arrière (une d'origine, l'autre en option).

Suite et fin

Nous avons parlé à deux reprises d'une extension mémoire, permettant de la quadrupler. Pour bénéficier de 32 secondes, on remplacera les quatre barrettes d'un mégabits par des « quatre mégabits », (deux mégaoctets au total). Précisons qu'il s'agit de barrettes ZIP, popularisées par les PC, et au demeurant bien plus économiques que les SIMM, qui ne cessent d'augmenter.

Voilà, vous savez désormais ce que renferment les entrailles du JamMan, particulièrement ouvert, intuitif à souhait, et dont le prix devrait avoisiner les 600 €. Il va maintenant vous falloir digérer cette philosophie novatrice, apprendre à maîtriser ces nouveaux concepts pour en tirer le maximum : la balle est dans votre camp !

FICHE TECHNIQUE
Produit : JamMan
Marque : Lexicon
Type : générateur d'écho, échantillonneur/boucleur synchronisable
Fréquence d'échantillonnage : 31,25 kHz
Résolution : 16 bits linéaire
Mémoire : 0,5 Mo, extensible à 2 Mo (8 ou 32 secondes d'échantillonnage mono)
Réponse en fréquence : 20 Hz - 15 kHz (+1 /- 3 dB)
Distorsion harmonique : < 0,05 % à 1 kHz
Dynamique : 85 dB
Entrée : stéréo, - 30 dB (deux jacks asymétriques mono)
Sortie : stéréo,+ 4 dB (deux jacks asymétriques, mono pour le droit, stéréo ou mono pour le gauche, selon qu'il s'agit ou non d'un casque)
Casque : à raccorder sur la sortie gauche, en ne branchant rien à droite
Prises pédales : deux jacks stéréo
MIDI : In, Out et Thru
Format : rack 19 pouces 1 U
Poids : 6 kg
Dimensions : 483 x 45 x 102 mm
Alimentation : externe (9 volts, 1 ampère)

IN : le nombre impressionnant de nouvelles idées, en ces temps où l'innovation ne fait pas rage.
OUT : la prise casque eut été plus accessible en face avant. A part ça, pour une prochaine version, nous verrions d'un bon oeil que la durée de l'écho et la valeur du tempo s'affichent, que le Sample Dump Standard soit implanté (pour transférer les échantillons), et qu'un trigger audio puisse jouer le même rôle que le bouton « Tap » (pour par exemple piloter un tempo à partir d'une piste de grosse caisse, de charley...).

Test réalisé par Christian Braut en novembre 1993 (Home Studio Recording n°16)

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